« OU COMMENT, QUELLES QUE SOIENT LES CONDITIONS SANITAIRES, PSYCHOLOGIQUES, CLIMATIQUES, ÉCONOMIQUES OU AUTRES,
METTRE LE MAXIMUM DE CHANCES DE SON CÔTÉ EN DEMANDANT À VOTRE CHEF DE SERVICE UN RÉAJUSTEMENT DE VOTRE SALAIRE. »
Spectacle d’utilité publique, à partir de 15 ans
de Georges Perec
Mise en scène Grégory Bourut
Avec Jean-Baptiste Artigas, Grégory Bourut, Christian Brazier, Marine Collet, Lise Laffont
Création lumière Phillipe Ferreira
Création sonore David Dillies
Régisseur son Guillaume Haushalter
Création 2013 / Production Blutack Theatre, Co-production Théâtre APOLLO Mazamet – scène conventionnée Région Midi-Pyrénées.
Avec le soutien du Théâtre Sorano / Jules Julien et de la Gare aux Artistes.
Ce spectacle bénéficie de l’aide à la diffusion de la Région Midi-Pyrénées jusqu’en 2016.
Synopsis
L’Augmentation retrace les différentes étapes qu’un employé subalterne doit parcourir pour espérer demander à son chef de service une hausse de salaire.
Note d’intention
Dans un temps où les interrogations sur le monde du Travail se multiplient, où certains patrons et autres multinationales licencient à tour de bras, où le suicide de certains employés défraye la chronique… comment ne pas admettre la nécessité de jouer L’Augmentation aujourd’hui ?
J’ai mûrement réfléchi, j’ai pris ma décision et j’ai décidé de mettre en scène L’Augmentation de Georges Perec. L’Augmentation est un objet théâtral non identifié, une curieuse pièce écrite en 1970 mais qui demeure d’une rare efficacité et d’une mordante actualité. Efficace, parce qu’elle traite du milieu du Travail avec un humour et une dérision propre à Perec, mêlant la subtilité à une pointe de cynisme. Actuelle, parce qu’elle dépeint et dénonce la pression psychologique que le Travail exerce sur l’individu.
Jouer L’Augmentation, c’est jouer la proposition simple, claire et distincte d’un employé décidant d’aller trouver son supérieur pour lui demander une augmentation. Mais Georges Perec nous offre à jouer bien plus dans cette partition… Membre de l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), Perec s’amuse à écrire en se pliant à la contrainte de la répétition, et ce jeu stimule sa création… Elle devient re-création, récréation… Il joue à mettre en place une logique implacable, faite de légers glissements, acculant les acteurs et le spectateur à des réflexes quasi pavloviens…
C’est à partir de cette contrainte que nous faisons évoluer le jeu et que les décalages s’opèrent. Car l’augmentation ce n’est pas simplement le réajustement du salaire, c’est aussi, et peut-être surtout, la contrainte à laquelle obéit tout le texte ! Le titre ayant alors, pour moi, la valeur métaphorique de la démultiplication des combinaisons, de l’accroissement des états des personnages, de l’amplification du rythme, de l’intensification de la pression psychologique…
Je souhaite décaper le vernis acidulé des années 70, un peu pop et malicieux, pour atteindre la dimension poignante et terrible de cette pièce. Je veux un théâtre engagé et percutant ! Un théâtre incarné et décalé.
Nous restituons l’empreinte kafkaïenne inhérente à ce texte ; le caractère systématique et obsessionnel poussé jusqu’à l’absurde nous permet de conjuguer l’humour et la férocité du propos. L’épuration du jeu, de la scénographie, et le travail de création sonore accentuent la tension et les ruptures. Dans cette folie, les comédiens incarneront avec vivacité l’émouvante bienveillance aussi bien que l’absurde cruauté qui règne dans les rapports humains.
Enfin, je tiens à l’Adresse au public ! Je veux parler à mes contemporains de sujets contemporains. Je tiens à impliquer le spectateur de manière frontale, je tiens à le questionner… intensément…
Grégory Bourut
Note de de mise en scène
Le texte de L’Augmentation est une partition très formelle, et tout le défi de cette création est de prendre la parole au delà de cette forme. Il s’agit d’interroger, par le biais de la mise en scène, les corps dans l’Espace et la pensée dans le Temps.
Ainsi, comme un soliloque, la pièce s’ouvre sur un individu plaçant des corps emballés dans un espace ouvert. Matériel humain sous plastique. Objets inanimés avez-vous donc une âme ? Il les place comme les fonctions d’une logique qu’il règle, dans un premier temps, avant qu’elle ne devienne tout à fait autonome. Chaque corps s’emploie à trouver sa place dans les rouages logiques de cette pensée qui se dilate à présent sous nos yeux. Du monologue interne nous glissons vers une polyphonie, le monologue se fait dialogue. La pensée prend alors plusieurs voix, c’est une pensée chorale, tenue ensemble, tendue en chœur.
Les espaces ne sont circonscrits au sol que par des dessins. Je veux simplement symboliser l’espace de travail, ne pas rentrer dans un réalisme quelconque qui réduit, à mon sens, la portée universelle de la pièce et rend anecdotique le propos en ne le cantonnant qu’à la seule bureaucratie.
La scénographie est épurée, ciselée par la lumière. Elle se compose de trois modules roulants qui permettent de modifier l’espace, de le faire rétrécir, ou de lui donner une verticalité, de jouer sur les plans. Ces modules nous permettent d’approfondir notre réflexion sur l’espace de travail… open space, et vision globale des individus dans cet espace, le pan optique. Plus l’espace grandit, plus l’individu rapetisse. Plus il rétrécit, plus il s’asphyxie.
Je veux qu’il neige, qu’il vente, qu’il pleuve sur scène… Les conditions climatiques sont autant d’éléments qui interviennent, se dégradent, « augmentent » eux aussi, dans le continuum de cette idée fixe. Tempêtes et giboulées ponctueront le parcours de cet employé subalterne dans sa quête, inaccessible étoile…
Grégory Bourut
Téléchargements
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> Presse (.pdf – 100Ko)